Je n’écris plus…

13 mai 2015

Je n’écris plus…

Je n’écris pas. Je ne fais que verser de l’encre sur du papier, remplir des pages blanches. Lorsqu’on me le demande.

Je ne fais que coller des bouts de mots, pour formuler leurs idées, leurs requêtes, leurs points de vue. Lorsqu’on m’y oblige.

Je ne fais que leur servir de canal. Transmettre leur voix, tout en perdant la mienne. Satisfaire leurs envies, laissant les miennes insatisfaites.

Je n’écris pas. Je ne fais que transcrire leurs dictées. Sans fautes. J’exprime ce qu’ils veulent faire croire. Jusqu’à ce que j’y crois moi-même. J’utilise leurs propres mots. Pas les miens. Mes mots, je les tais. Si bien que je les oublie. Mes mots restent ensevelis tout au fond de moi. Je n’ose pas les exprimer. Mes mots, je ne les écris pas. Je ne les écris plus. Si je les bouillonne, ils finissent à la poubelle.

Une photo de mon propre carnet de note.
Mon carnet de notes.

Mon écriture est pleine de houille. Elle est endommagée. On croit que l’écriture est ma spécialité. Et pourtant, je n’écris même pas. Je n’écris plus. Je ne fais que gagner mon pain, en tant qu’ouvrier de plume. Ouvrier comme les autres.

L’écriture pour moi a toujours été plus que ça. Elle et moi partagions l’intimité, à un moment. Une passion intense. Elle était ma canne, mon seul refuge. Elle était ma voix, mon pain quotidien. Elle était toujours là pour m’accompagner dans ma solitude.

De nos jours, l’écriture et moi empruntons souvent la même voie, mais ne nous donnons pas la main. Pas par manque d’envie. Peut-être par manque de crânerie ?

L’écriture et moi partageons une histoire qui ne s’effacera jamais. Qui ne se terminera jamais. J’avais démarré un jour comme ça. Et je n’ai pas pu m’arrêter. Jusqu’au jour où je me suis complètement arrêté. Et je n’ai pas pu recommencer.

Mais aujourd’hui, et si je recommençais ?

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Commentaires

Nelson Deshommes
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Si tu recommençais ce serait pour une bonne cause. Merci bien la plume féconde.