Plume féconde

Le mal de la page blanche

Je suis une plume féconde. C’est même difficile pour moi de faire « brève ». Lorsque coule l’encre de ma plume, c’est difficile de l’arrêter. Pourtant, ce robinet connait aussi des moments de sécheresse.
Avez-vous déjà connu la sécheresse en temps de pluie ? Permettez-moi de partager avec vous la suivante :

Les évènements se succèdent du matin au soir. Ils sont bouleversants, inspirants. J’ai l’impression que tout bouge avec magie autour de moi, que le monde s’affole. Mais c’est précisément la folie qui alimente ma plume. Dans ma tête, il y a toujours un récit sans fin. Des histoires entremêlées. Des fins heureuses. Des débuts choquants. Des idées originales. Innovation. Un jour je publierai des tas d’histoires…

Une photo de mon propre carnet de note.
Mon carnet de note.

Rien n’est plus beau que la liberté d’écrire. De faire ressortir ses plus profondes pensées. Sa conception des choses. Ça soulage. Ça libère. On ne peut être plus libre qu’avec une plume et un bout de papier. Libre… Oui, mais en ce moment précis, je suis prisonnier de mes pensées qui bloquent. Comme quand on veut tout faire à la fois, ou ne rien faire du tout.

Une capture de lécran de mon ordinateur.
Une capture de l’écran de mon ordinateur.

Je fais trois mots, puis je les efface. Je recommence trois fois de suite. Même résultats. Brusquement, j’ai faim. Je suis paralysé lorsque j’ai faim. Je ne peux plus penser, je peux plus écrire. Mais ce n’est pas très compliqué, il me suffit d’avaler un morceau…

Ça y est, c’est fait.

Je réussis cette fois-ci à faire une bonne phrase. Je la modifie trois fois. Puis je l’efface totalement. Je la réécris complètement. Maintenant, ce qu’il me faut, c’est un verre d’eau. J’ai certainement de quoi avoir soif.

Les idées tourbillonnent dans ma tête pourtant. Elles se multiplient même. Il me suffit de les accoucher… Mais, j’ai mal au dos. Je dois aller faire des exercices. Juste un moment.

J’y vais, je reviens.

Je recommence. Une dernière modification à ma « phrase ». Je me sens fatigué. Lourd. Je sue. Je m’imagine comment une bonne douche froide m’aiderait à baisser la tension…

Et hop sous la douche !

A présent c’est pour de bon. Plus d’excuses. Ma phrase se transforme péniblement en un paragraphe. Mais remplir toute la une page me semble encore lointain. Il est déjà minuit moins le quart. Et j’ai sommeil.

Je me relis une dernière fois avant de m’effondrer dans mon doux lit. Mille fautes. Du coup, j’efface tout… et la page reste désespérément blanche !


Retour à New York, retour à l’euphorique bouillonnement

Beaucoup de choses dans la vie sont comme la santé : on comprend leur valeur que quand on les perd. Dans mon cas, vivre dans l’une des plus grandes villes du monde est l’une d’entre elles.

Quand je suis arrivé à New York, cela remonte à presque deux ans, je n’ai fait que me plaindre, regretter tout ce que j’avais laissé derrière moi dans mon cher petit pays, Haïti. Je vivais ici, mais mon cœur était resté là-bas. La nostalgie me tuait à petit feu…

Cependant il y a six mois, à cause d’une opportunité d’emploi, j’ai dû quitter New York pour aller vivre ailleurs. Dans un endroit pas très intéressant… Enfin, pour moi.

Vous savez, presque partout dans le monde, pour trouver du travail on vous demande souvent d’avoir de l’expérience. Ils sont rares ceux qui veulent bien vous donner la chance de débuter. Mais déjà, pour avoir de l’expérience, il faut quand même avoir débuté quelque part. Alors j’étais prêt à débuter n’importe où. C’est pour cela que j’ai emménagé dans cette autre ville dont je préfère ne pas citer le nom, loin de New York…

Une vue de Manhattan (New York). Credit photo: Le Huffington Post
Une vue de Manhattan (New York).
Crédit photo: Le Huffington Post

On dit souvent des Etats-Unis, que c’est le pays des opportunités, le pays où l’on peut facilement réaliser ses rêves. C’est vrai. Mais pour la plupart des gens que je connais, c’est surtout le pays où l’on doit souvent abandonner ses rêves pour saisir des opportunités.

Ces opportunités ne sont pas toujours en rapport avec ses rêves ou ses ambitions, mais on doit vite les attraper si l’on ne veut pas être un éternel rêveur. Bref, j’ai dû quitter la ville qui ne dort jamais pour pouvoir en attraper une.

C’est alors que j’ai commencé à me rendre compte que même si tout n’était pas rose pour moi quand je vivais à New York, tout n’était pas noir non plus. Alors que ces six mois passés en dehors de la « grosse pomme » ont été les plus sombres de toute ma vie ! A ce moment-là, je n’avais pas seulement la nostalgie d’Haïti, mais aussi celle de New York. Et les deux me tuaient à grand feu…

Aujourd’hui, je suis de retour. Je ne suis sûrement pas la première personne qui s’en va et qui y retourne. Pour beaucoup de gens, les grandes villes comme New York sont des aimants. Dès le premier instant où j’ai foulé le sol de cette autre ville, j’ai su que je retournerais dans la mégalopole. Les gens comme moi demeurent dans les grandes villes. C’est plus fort que nous.

C’est que je n’arrive pas à vivre dans la monotonie. Cette vie où tout ce qu’on fait, c’est aller au travail (ou à l’école) et puis rentrer chez soi, voir le même paysage, suivre constamment le même trajet et rencontrer ceux qui le font aussi régulièrement et ennuyeusement que soi… Tout cela ne me convient pas. Parfois, j’ai besoin de me retrouver au beau milieu du bouillonnement et de la folie pour me sentir à l’aise. J’ai souvent besoin d’un peu de piment, d’un peu de nouveauté, de voir des choses, du monde… Et le monde, il est littéralement établi à New York.

J’avais peut-être besoin de faire cette expérience pour mieux apprécier la chance que j’ai de pouvoir vivre dans cette grande ville certainement pas parfaite, mais qui me va parfaitement… pour l’instant.


Je suis peut-être raciste… Ou peut-être qu’ils ne le sont pas !

Je ne t’aborderai pas quand je te croise au coin de la rue. Parce que tu as toujours le pantalon baissé, un look effrayant, un regard monstrueux et des yeux qui se perdent comme si tu n’avais pas dormi depuis des jours. Moi, je préfère les gens aimables et souriants.

Je ne te côtoierai pas quand je marche sur l’avenue. Parce tes vêtements sont toujours très sales et tu pues souvent l’alcool, la drogue ou des odeurs corporelles désagréables. Moi, j’aime respirer le bon air.

Je ne m’assoirai pas près de toi dans le métro. Parce que tu écoutes toujours du rap à haut volume et en même temps tu aimes chanter à gorge déployée des propos pas très agréables à l’oreille. Moi, je préfère la tranquillité et la délicatesse.

Je ne discuterai jamais avec toi. Parce que tu ne prononces jamais les mots comme il faut et tu ne construis jamais une phrase correcte et complète.  Moi, j’essaie de parler l’anglais, mais toi tu parles une langue que je ne comprends pas et que je ne souhaite pas apprendre.

Je n’irai pas dans ton quartier. Parce que tu pisses contre les murs, tu jettes des immondices partout, tu commets des crimes pour un oui et pour un non. Moi, je préfère rester là où il y a la propreté et la sécurité.

Crédit photo: francaisdefrance.wordpress.com

Tu devrais m’accuser de racisme. Mais tu ne le feras pas. Et tu as raison. Ce n’est pas ta couleur de peau qui me dérange, mais plutôt ton comportement. C’est dommage que tu sois noir, le plus souvent. C’est dommage que tu sois l’image qu’on attribue au Noir, le plus souvent. L’image que certains ont de moi, donc. L’image erronée qu’ils préfèrent considérer.

Je serai le premier à être choqué, blessé, révolté, quand on t’attaquera à cause de la couleur de ta peau ! Compte sur moi pour te défendre, prendre les rues, s’il le faut, et exiger justice, quand on violera tes droits à cause de ton origine !

Bien sûr, le racisme existe. C’est quand on te colle des étiquettes à cause de ton origine. Ça commence par des petits mots qui font mal jusqu’aux os, puis aboutit, parfois, à des actes horriblement stupides. J’en suis victime.  Et je suis décidément un militant contre le racisme sous toutes ses formes. A condition qu’il soit bien distingué.

Crédit photo: www.outofborders.net

Ne t’empresse pas de qualifier de raciste chaque personne qui prend un recul quand tu arrives. C’est peut-être seulement à cause de ton style. Lorsqu’une personne d’une couleur différente te traite de la même manière que moi, elle ne le fait pas forcément par racisme. C’est parfois une question de goût et de préférences. Une question de « Dis-moi qui tu fréquentes, et je te dirai qui tu es ».

Ici, c’est la démocratie. Tu peux toujours préférer garder ton comportement. Moi, je peux toujours préférer t’éviter. Je ne suis pas raciste pour autant. Donc, eux non plus !


Que faire d’une voiture à New York ?

On me demanderait sûrement si j’ai perdu la tête puisqu’il y a des milliers de voitures qui circulent à New York. Commençons par souligner que c’est justement pour ça qu’avoir une voiture à New York est un vrai casse-tête.

Crédit photo: community.michelinchallengebibendum.com

Moi je viens d’Haïti où les bouchons de circulation sont souvent terribles. Pourtant, avoir une voiture là-bas est, comme on dit, un luxe pour la plupart des gens. C’est pourquoi quand on arrive aux Etats-Unis, on s’empresse d’en acheter une pour montrer la différence. Les amis d’Haïti qui me visitent me demandent toujours : « Mais, où est ta voiture ? ». J’en ai pas. « Tous les gens aux Etats-Unis ont une voiture ». Oui, mais à New York, c’est un peu différent, beaucoup de gens optent pour le transport public. C’est pas une question de classe sociale, on rencontre souvent des millionnaires dans le métro.

crédit photo: we-love-new-york.com

Que faire d’une voiture dans cette ville quand on est un jeune étudiant qui n’a pas de grand revenu ?  En cette journée mondiale sans voiture, je me réjouis en tant que « sans-voiture« . Pensez pas que je suis en train de me plaindre, c’est pas seulement que j’ai pas de voiture, c’est surtout que j’en veux pas. Tant que je suis à New York. Tant que je suis étudiant. Et ça va être long.

Contrairement à d’autres villes, à New York, le transport en commun c’est 24/24 et le métro arrive toutes les cinq minutes. Donc quand comme moi on a un metrocard illimité, on n’a pas peur de circuler ! J’ai qu’à payer un petit frais tous les mois et puis ça va ! (En passant, j’aimerais mieux que le « petit frais » soit beaucoup moindre pour les étudiants).  Et je peux me déplacer dans tout New York City et quelques zones avoisinantes sans aucun souci. Si je veux aller plus loin, y’a tout un éventail de possibilités : MetroNorth, LIRR, Greyound, etc.

Crédit photo: ohgizmo.com

Avec mon metrocard, j’ai pas de corvée à faire quand il neige, j’ai pas à m’inquiéter pour le carburant, les problèmes mécaniques, le nettoyage, le changement d’huile, l’assurance et… les « tickets ».  Ah, les tickets sont toujours comme un coup de poignard dans le dos. Et ils sont presque inévitables dans cette ville bondée où la police est « sans pitié » pour les chauffeurs. Et puis l’assurance est plus chère par rapport aux autres villes du pays (la vie en général est plus cher à New York). De plus, partout, il faut payer pour le parking, si on réussit à en trouver (à Manhattan on peut payer jusqu’à 30$/heure pour un parking privé).

Si j’avais une voiture, ce serait trop pour moi. J’ai déjà le boulot, les études, le volontariat, ce blog, etc. D’ailleurs, j’ai toujours trouvé que conduire est une perte de temps. On doit se concentrer uniquement sur la route, et on ne devrait même pas parler au téléphone ni envoyer des textos. D’autre part, les accidents de la circulation et les bouchons sont plus probables en voiture qu’en transport public.

En fait, j’adore partir en bus et en train pour pouvoir contempler le paysage. Je m’inspire mieux et les idées jaillissent. Ça me permet aussi de me détendre, de rêver et d’occuper mon temps – je trouve toujours quelque chose d’intéressant à faire durant le transport : mes notes à réviser, un livre à lire ou quelque chose à écrire surtout. Par exemple, je rédige cet article dans le train en direction du Connecticut.

Y’a une époque où je lisais deux romans par semaine uniquement durant le transport de chez moi à mon boulot. Qui peut faire tout ça en voiture privée (à l’exception des gens qui ont un chauffeur) ?

En gros, s’il y a une chose dont je n’ai vraiment pas besoin pour le moment, c’est une voiture! (Par contre si vous souhaitiez me faire cadeau d’une voiture, j’accepterais volontiers car je ne compte pas rester à New York toute la vie :)).

En cette journée mondiale sans voiture, je dis : Vivement le transport public !